🇰🇷 Management à la Coréenne
Le meilleur d'ailleurs #17 : Aujourd'hui, nous voulons vous faire voyager en vous présentant nos découvertes managériales en Corée du Sud
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👉 Au programme ce vendredi matin
Nos premières impressions en arrivant en Corée du Sud - 1 minute
La hiérarchie, au cœur des interactions - 1 minute
Promotion à l’ancienneté et application des ordres - 2 minutes
Les avantages et les limites de ce modèle - 2 minutes
La conclusion avec Eunjoo - 1 minute
News des frères Meyer - 1 minute
1️⃣ Nos premières impressions
Nos premières rencontres professionnelles en Corée du Sud sont très particulières.
Nous avons l’impression de revenir 20, 30 ans en arrière.
Nous parlions de culture du “Care” en Norvège, d’égalité hommes-femmes en Islande, de nouvelles formes de gouvernance au Brésil et maintenant … de hiérarchie, de contrôle et de “manager militaire”.
Notre première réaction est celle de la plupart des Occidentaux : mais ils sont fous ces Coréens.
On ne comprend pas la manière de fonctionner des entreprises sud-coréennes.
Surtout, qu’allions nous raconter sur l’innovation managériale à nos partenaires ?
Après quelques jours sur place, nous comprenons que nous devons supprimer tous nos biais occidentaux et nous intéresser pleinement, sans préjugés, à cette culture aussi incroyable que complexe.
Et puis finalement, depuis le début du voyage nous entendons que le salarié doit être considéré comme sujet souverain, qu’il faut supprimer la hiérarchie et le contrôle etc…
C’est bien simple c’est tout l’inverse qui est mis en place dans la culture managériale coréenne.
Et c’est pour ça que c’est passionnant.
2️⃣ La hiérarchie au cœur des interactions
Lors de nos visites d’entreprises ou dans nos interactions au quotidien, nous avons été marqués par l’importance de la hiérarchie.
Souvent décriée en France, nous comprenons rapidement qu’elle est essentielle au bon fonctionnement de la société et des entreprises sud-coréennes.
Audrey, Country Manager de l’entreprise Ipsen, nous expliquait que les Sud-Coréens essaient très rapidement de se placer l’un par rapport à l’autre, en fonction de l’âge, du statut social, du métier …
Tant que deux personnes ne se situent pas l’une par rapport à l’autre, elles continuent de creuser.
Une fois le positionnement identifié, le niveau de langage utilisé ne sera pas le même.
Celui “en dessous” utilisera des marques de respect plus grandes et un niveau de langage particulier.
Il existe différents degrés de langage en Corée du Sud en fonction de son interlocuteur.
La structure linguistique est une illustration de l’organisation hiérarchique du pays.
Cette nécessité de se placer l’un par rapport à l’autre se retrouve dans le monde professionnel.
Isabelle de l’entreprise Rainmaiking prenait l’exemple de la carte de visite. Les Sud-Coréens donnent leur carte de visite dans le sens de la lecture afin de se situer immédiatement hiérarchiquement vis-à -vis de son interlocuteur.
Olivier, CEO de l’entreprise Asiance nous expliquait quant à lui l’importance des titres dans les entreprises coréennes.
Dans le cadre professionnel, les Sud-Coréens ne s’appellent pas par leur nom mais par leur titre professionnel (manager, assistant, directeur …).
3️⃣ Promotion à l’ancienneté et application des ordres
Nous vous disions que la culture sociétale impacte fortement la culture managériale en Corée du Sud.
Le système de promotion en entreprises en est la parfaite illustration.
La figure d’autorité en Corée du Sud est souvent incarnée par un homme, âgé.
Cela s’explique en partie par l’influence du confucianisme en Corée du Sud.
Par exemple, Jérôme de l’entreprise Décathlon, partageait avec nous la complexité de promouvoir un salarié junior avec des équipes sud-coréennes.
En effet, même si le junior a, sur le papier, une position hiérarchique supérieure, dans les faits, il aura du mal à contredire un employé plus âgé de l’équipe ou être légitime dans la prise de décision par rapport à ce dernier.
Le respect de l’ancienneté donne lieu à des situations parfois surprenantes.
Olivier de l’entreprise UBAF nous racontait l’exemple d’un salarié qui avait les cheveux blancs et paraissait plus âgé que son manager.
Les plus anciens étant les figures d’autorité, la situation posait problème.
Ce dernier fini par se teindre les cheveux en noir pour paraître plus jeune que son manager.
Nous évoquions au début de l’article la figure du “manager militaire”.
Dans certaines entreprises sud-coréennes, le fonctionnement des équipes est comparable à celui d’une armée : un chef expérimenté qui donne des ordres, des équipes disciplinées qui les appliquent.
Plusieurs éléments expliquent ce fonctionnement :
👉 Une éducation qui restreint la prise d’initiative, le questionnement et le débat : Isabelle de l’entreprise Rainmaking soulignait la différence entre l’éducation française et coréenne.
Par exemple, en France, nous sommes habitués à répondre à des questions ouvertes, à disserter et à faire des analyses de texte.
Des formats poussant à la réflexion, au questionnement.
En Corée du Sud, les évaluations s’articulent autour de QCM. On ne demande pas aux de questionner ou de construire un propos mais d’appliquer.
Finalement, l’élève capable d’apprendre le plus de contenus et de l’appliquer concrètement, sans questionner son apprentissage est celui qui s’en sortira le mieux.
On retrouve ce fonctionnement dans l’entreprise : on ne mesure pas la performance d’un employé par sa capacité à questionner, à prendre des initiatives mais plutôt par sa capacité à appliquer le plus rapidement possible les consignes qu’on lui donne.
👉 L’importance du collectif. Paul, director Franco-Coréen chez PwC, notait l’importance du collectif en Corée du Sud, la nécessaire homogénéité des groupes.
Une personne qui sortirait des rails, qui serait différente ou qui prendrait trop d’initiatives serait mal perçue par le groupe, par le collectif. La culture du “nous” est très forte.
4️⃣ Les avantages et les limites de ce modèle
Économiquement les entreprises coréennes sont assez impressionnantes. Les décisions sont prises rapidement et sont tout de suite appliquées. Elles sont fondées sur la hiérarchie ce qui limite le débat et les conflits.
Les entreprises sud-coréennes ont une capacité d’adaptation très forte.
Valentin de l’entreprise Bluebell évoque la culture du “Ppalli, Ppalli” qui signifie littéralement “vite, vite” en français.
Les entreprises sud-coréennes sont pragmatiques et prennent les décisions vites.
Tout doit aller vite.
Le pouvoir hiérarchique en entreprise s’accompagne aussi d’une responsabilité.
Il existe dans les entreprises sud-coréennes, une forme de “paternalisme protecteur” de la part des directeurs.
Olivier de l’entreprise Asiance racontait que le directeur doit être présent dans les moments forts de la vie de ses employés (mariage, décès d’un proche etc..).
Cédric, directeur Franco-Coréen de la FKCCI nous disait que le directeur sud-coréen est légalement responsable en cas d’accident du travail. Ainsi, il prend soin des conditions de travail de ses employés.
Des décisions rapides, un décisionnaire clairement identifié, une forte adaptabilité, des performances économiques impressionnantes : sur le papier le modèle sud-coréen paraît vraiment efficace.
Dans les faits, il est efficace mais les conséquences sur la qualité de vie au travail sont considérables.
Efficace oui, mais à quel prix ?
La vie professionnelle et personnelle est clairement délimitée en Corée du Sud. Il est impossible d’exprimer ses émotions en entreprise.
Les relations en journée sont très cordiales et professionnelles.
Les “chaebols” comme Samsung, LG, jouent encore un rôle essentiel dans l’économie malgré l’avènement de grandes start-up.
Ils demeurent la voie royale à suivre pour être valorisé socialement par son métier.
La pression pour rentrer dans ces groupes est importante et le mode de recrutement est très exigeant. Seules certaines universités permettent d’y accéder.
Les enfants subissent une pression conséquente dès le plus jeune âge pour être sélectionné dans ces universités.
Ainsi, nous avons vu des “écoles post-écoles”. Il s’agit d’écoles privées dans lesquelles les élèves sud-coréens sont inscrits après les cours.
Nous avons vu des élèves d’une dizaine d’années sortir à 22 heures de ces endroits.
Le poids de la société est assez écrasant, la comparaison est présente partout et tout le temps.
La parole commence à se libérer sur le sujet, notamment via des suicides très médiatisés comme celui de Kim Jong Hyun, star de K-pop.
D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le taux de suicide en Corée du Sud s’est élevé à 24,7 pour 100.000 personnes en 2018, le plus haut niveau parmi les pays membres de l’OCDE.
Ce chiffre recensé en 2018 par l’OCDE est le double de la moyenne de l’organisation internationale rassemblant les pays riches (11,0 pour 100.000).
Les mentalités changent petit à petit notamment sous l’impulsion des jeunes générations et des start-up.
5️⃣ La conclusion avec Eunjoo
Nous aimons cette réponse d’Eunjoo, une Sud-Coréenne de notre âge lorsque nous l’interrogeons sur le bonheur au travail.
Elle nous explique que le travail en lui-même donne une existence sociale qui est indispensable à l’équilibre social et donc personnel. Ainsi, le statut professionnel prend le dessus sur les problématiques quotidiennes qui l’accompagnent (pression, culture du contrôle, équilibre pro/perso…).
Avec un statut professionnel en dessous de ses attentes, elle serait malheureuse.
Dès lors, la question du bonheur au travail n’est pas la même que chez nous, les combats non plus.
La Corée du Sud nous a captivé !
Un pays fascinant qui a suscité notre curiosité sur le rapport à la performance, au statut professionnel, la prise de décision et la hiérarchie.
Un pays qui prend le contrepied de ce que nous avions vu avant (horizontalité, flexibilité …), qui l’assume et en fait une force malgré des externalités négatives bien présentes et visibles.
🏄♂️ News des Frères
Nous avons commencé la semaine avec une belle conférence à la … Réunion ! En compagnie de notre ami Rodolphe et deux entreprises du secteur du BTP (on a fait un petit exercice physique pendant la conférence c’était excellent). Un super moment encore une fois.
On continue à fond la structuration de notre prochain projet en incubateur en ce moment ! Petit teasing : un tour de France d’entreprise devrait avoir lieu sur un sujet particulier que nous sommes en train de travailler en ce moment.
Une entreprise que nous aimons beaucoup Sthree prépare un super évènement le le 12 Juin à Paris sur les enjeux RSE et la mobilisation du collectif dans les transformations d'entreprises. On vous conseille vivement d’y participer, Samuel Durand y présentera d’ailleurs son dernier documentaire “Time to Work”
Pour s’inscrire c’est 👉 ici + Voici un petit code promo : PARTENAIREDUFUTUR
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Excellente fin de semaine et bon week-end !
Les Frères Meyer 🏄♂️🏄♂️